J'ai entendu dire qu'il fallait que je vienne me présenter personnellement à Cupid. J'espère que par pitié - ou pas - il m'épargnera un peu, non ? Mon nom complet est Corben Lyndon Lewis et j'ai 30 ans. Je suis originaire de Detroit, ce qui veut donc dire que je suis Américain. Actuellement, je suis pompier et j'aime ce que je fais. Je suis à Detroit depuis toujours et compte bien y passer le restant de mes jours. En ce qui concerne mon statut civil, je suis divorcé et je dois avouer que je suis heureux de l'être. Finalement, je crois tout de même que je devrais donner un coup de main aux gens qui me classeront dans ma catégorie en leur disant que je fais partie de I hate Cupid.

C’est tellement facile de dire que la vie est difficile quand quelque chose de plutôt minimalement grave nous arrivé c’est tellement facile de mettre la faute sur les autres quand on sait parfaitement que c’est pas nécessairement vrai et que la seule raison pour laquelle on le fait, c’est parce que c’est beaucoup plus évident que de regarder l’erreur dans les yeux et la fixer. L’arranger de manière à ce que ça devienne le moins agaçant possible et qu’on puisse vivre avec même si elle pèse sur notre conscience. Bordel, quand on fait partie de quelque chose de plus grand que tout ce qui existe aux alentours, on doit prendre sur nous et se dire que ce qui se passe devant nos yeux est pas étonnant. Que c’était prévisible et que non, faut pas baisser les bras face à l’adversité, parce que ça donne quoi après ? Rien du tout, justement. On veut pas se retrouver vide de l’intérieur, parce que personne est capable de faire face à une solitude tellement flagrante que… que quoi ? « Nous sommes ici aujourd’hui pour honorer la mémoire d’Adam Broderick. Un vaillant soldat qui a donné sa vie pour notre pays. Un soldat qui… » Et le discours continue, alors que je jette des coups d’yeux à Ayana et leur gosse. J’ai le cœur serré je me sens horriblement mal. J’ai envie de crier jusqu’à en perdre ma voix et supplier les cieux à genoux de faire revenir Adam et de prendre ma vie. Yep, ce con je l’aimais à point-là. Comme un frère, pour qui j’aurais donné ma vie. Un frère qui méritait pas ça, surtout pas pour les trésors qu’il a laissé en arrière. Je sais pas ce que sa femme ressent, parce qu’Adam et moi on avait pas le même genre de relation – évidemment – du coup, je tente de donner mon support du mieux que je peux. Il m’a fait promettre de m’occuper d’eux s’il en venait un jour à s’en aller, et étant donné que ce jour est arrivé, j’ai pas d’autres choix que de respecter ma promesse. Une promesse que j’aurais tenue sans même qu’il me l’ait demandé. Je m’approche de la femme de mon meilleur ami, tentant un sourire qui veut clairement pas apparaître. « Aya… » Elle se retourne vers moi, les larmes aux yeux et je la serre dans mes bras, le plus fort que je peux, pour lui faire comprendre que j’serais là peu importe ce qui arrive. Putain, à force je vais finir par craquer moi-même. J’me retourne pour faire face aux autres personnes qui sont présentes et vu qu’Adam était aimé, y’en a beaucoup qui laissent trop leurs émotions paraître. Je fronce les sourcils, tentant de paraître le moins vulnérable possible. Putain, les coups que j’avais pas eu le temps de faire avec Adam, on les aurait faits quand il serait revenu, quand il était supposé revenir. Je secoue la tête rapidement et passe une main sur mon visage en mordant la lèvre inférieure. Le soleil se cache derrière les nuages pour faire place à des nuages qui se mettent à pleurer. Les gens s’en vont peu à peu et je reste là. J’ai parlé aux parents d’Adam, ils sont déchirés, j’les comprends. Immobile, je me demande pourquoi fallait que ce soit lui. Faut que je sorte de cette rêverie, ce cauchemar malsain. Ça me brûle à l’intérieur et je sais pas comment le faire diminuer. Je me surprends à renifler et à essuyer la seule larme que j’ai laissé échapper du coin de mes yeux. « Espèce de connard, t’étais pas censé être là-haut avant des décennies. » Je m’assois sur une chaise, laissant la pluie s’immiscer sous mon complet étouffant comme pas possible. Je défais les deux premiers boutons et fixe la pierre tombale de mon frère. Quand les gens nous disent que ça fait mal de perdre quelqu’un de proche, on sait jamais réellement comment la personne se sent sauf quand ça nous arrive. J’aurais largement préféré que ce soit pas le cas, mais c’est comme ça que ça fonctionne, pas vrai ? La balance, l’équilibre, le cours de la nature…

Bon, j'avoue que de ne donner que mon pseudo, ce n'est pas très courtois. Je vais donc vous laisser me démasquer partie par partie - pour qu'ainsi, Cupid puisse mieux prendre sa revanche sur ma personne -, commençons. Je suis un(e) jeune hermaphrodite âgé(e) de l'âge de ta mère plus celui de ton père et ta grand-mère. Je sais que vous mourez d'envie de savoir d'où je viens, bande de coquins, je viens du pays où il fait bon vivre seulement trois mois par année. Soit, vous commencez à en savoir trop, un peu plus et je vous donne mon numéro de carte banquaire avec ça ? Bref, j'ai connu le forum parce que je me promenais sur la rue et que je me suis enfargé(e) dans un trou de bol de toilette et je le trouve horriblement parfait ! Sinon, je commence sérieusement à en avoir marre de répondre à vos questions, alors j'arrête.